ParaMag - n°323 - Avril 2014 - 48

MATÉRIEL

VOUS AVEZ
DIT HYBRIDE ?
LES DESSOUS D'UN
NOUVEAU BREVET
Par Bruno Passe

Il pourrait presque passer inaperçu parmi
les 16 brevets que comporte la refonte
mise en place par la FFP en ce début de saison
(voir article dans cette édition).
Et pourtant le brevet "voilure hybride"
est devenu réalité.
Mais de quoi s'agit-il exactement ?

Tout comme pour la voiture hybride, c'est
une longue histoire, qui a démarré vers la
fin des années 90.

Une histoire française
Constatant que la finesse des parapentes
augmentait considérablement, alors que
celle des parachutes stagnait, les militaires "chuteurs opérationnels" et des
forces spéciales, dont la mission consiste
à s'infiltrer discrètement sous un parachute dans des zones contrôlées, ont
manifesté un besoin d'évolution dans les
performances des équipements qu'ils
utilisaient. En 1996, les autorités
militaires ont donc commandé une étude
de faisabilité pour un concept de
parachute hybride parapente.

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En 1997, un groupe de travail composé
de cadres et d'ingénieur des troupes
aéroportées (ETAP, École des troupes
aéroportées et DGA, Direction générale
de l'armement), dont Jean-Christophe
Berland, et de dirigeants de la société
Nervures (constructeur de parapente
dans les Pyrénées), dont Xavier Demoury,
a commencé à travailler sur la construction
d'une voilure hybride, mécaniquement
proche du parachute et aérodynamiquement proche d'un parapente.

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"Hybride", le concept est bien connu en
automobile depuis que les constructeurs
commercialisent des modèles de série.
Mais qu'en est-il de la "voilure hybride"
que la FFP vient de mettre en avant
par le lancement d'un nouveau
brevet de pratique ?

Plusieurs prototypes CAP de surfaces
différentes furent construits, dans trois
tailles : 15, 19 et 22 m2, testés et mis au
point par Francis Heilmann à Tallard.
Non seulement Francis fit essayer la CAP
19 à des parachutistes réputés tels que
Patrick de Gayardon, Jérôme Bunker,
Marjolaine de Pury et Sylviane Jardel
entre autres, mais il forma aussi
quelques dizaines de parachutistes à ces
nouvelles voilures, à partir du brevet B de
l'époque, 70 sauts environ. Si les voilures
hybrides CAP présentaient un avantage
évident en montagne, en meeting aérien,
et en vol parapente, elles permettaient
aussi dès 1998 de partir loin en wingsuit
et de revenir sans souci au terrain en
suivant les ascendances thermiques.
Ils ont abouti en 1998 sur un modèle
nommé CAP 34 qui possédait une
finesse de 5,4 et une vitesse horizontale
de 9,5 m/s pour une masse en vol de
125 kg, le tout sous une surface de 34 m².
La CAP 34 était contenue dans un
sac-harnais standard du marché
et se comportait très bien. La voilure était
composée de 15 caissons et d'un
suspentage ramifié.

Par la suite, Francis Heilmann,
qui accumula la plus grande expérience
avec les prototypes CAP, définit, finança
et mit au point intégralement un autre
prototype encore plus ambitieux,
la Denali 28.
C'est la voilure hybride la plus
performante à ce jour : avec ses 28 m2,
elle atteint la finesse 7 et vole aussi bien
en version parapente que parachute.
Les résultats étaient donc prometteurs
pour les militaires qui pratiquaient la
dérive sous voile en sautant à 8 000
mètres sous des parachutes classiques,
lourdement encombrés de vêtements
grand froid et de l'équipement en
oxygène, et après avoir suivi un
entraînement très spécifique.
Avec ces nouvelles voilures, les chuteurs
militaires comptaient pouvoir parcourir
au moins la même distance mais en
sautant seulement à 4 000 mètres,
donc avec une plus grande facilité
de mise en œuvre.
Parallèlement la voilure évoluait aussi
dans le milieu sportif où un nouveau
marché était en phase exploratoire :
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