ParaMag - n°325 - Juin 2014 - 51

La libération basse est une situation
extrême qui est considérée comme très
critique en dessous de 300 mètres
d'altitude. Voici comment se déroule
généralement le scénario.
Le parachutiste ouvre sa voile principale
à une altitude normale, disons 1 000
mètres. Il devrait donc être pendu sous
celle-ci entre 800 et 900 mètres.
Mais sa voile présente un problème.
Elle est gonflée, ou en grande partie,
mais elle tourne pour une raison ou une
autre. Cette autorotation engendre
forcément une vitesse de descente
plus importante que la normale.
Le parachutiste ne peut pas se poser
ainsi, il doit libérer. S'il ne fait pas la
procédure de secours, il se tue ou
impacte violemment. Mais il ne prend
pas la décision de la faire. Il traverse
donc la zone des 300 à 200 mètres sous
sa voile en autorotation. Une "zone
rouge" où le déclencheur automatique
n'agit pas, car les paramètres relatifs
à cette situation ne le concernent pas.
Le parachutiste tire finalement sur sa
poignée de libération. Il repart en chute
et amène la main à sa poignée de
secours à 180-150 mètres du sol.
Deux ou trois secondes plus tard,
il impacte le sol alors que sa voile
de secours commence
sa phase déploiement.

Parlons ici du mode standard, celui
qu'utilise le parachutiste aguerri pour
une pratique classique (vol relatif, freefly...). Nous ne souhaitons pas faire de
comparatifs entre les déclencheurs automatiques, mais il est bien de savoir que,
en version standard, un déclencheur
s'active lorsque le parachutiste descend
à une vitesse verticale de 35 mètres par
seconde et à une altitude allant de 225
à 335 mètres selon les modèles.
C'est la vitesse verticale qui doit ici
sensibiliser. 35 m/s c'est 126 km/h. Il y a
peu de chances qu'une voile entièrement ouverte, mais qui est en autorotation, descende plus vite qu'à 126 km/h.
Ce qui veut dire que, dans cette situation
critique, le déclencheur automatique
n'interviendra pas et n'interviendra plus
après la libération. Le parachutiste est
donc livré à lui-même durant les
quelques secondes qui lui restent
avant de toucher le sol.

Seul face
au problème
Les déclencheurs automatiques ne sont
d'ailleurs pas conçus pour s'activer en
cas de problème sous voile, même si,
pour ce type de malfonction, on peut
considérer qu'une voile de secours peut
s'ouvrir malgré tout et prendre le dessus
sur l'autorotation de la voile principale.

SÉCURITÉ

Scénario
catastrophe

selon le niveau du parachutiste et éventuellement le type de pratique.

parvenu à libérer très bas, ou qu'il soit
sous une voile mal ouverte, si le déclencheur automatique AAD ne fonctionne
pas, c'est parce qu'il est dans un "angle
mort", là où les paramètres d'altitude
et de vitesse de descente ne concernent
plus le fameux "ange gardien".

Début de déploiement d'une voilure de secours en
situation réelle, après une libération à l'altitude
normale de sécurité. La photo a été faite
au téléobjectif.
Photo Niklas Daniel

tuées très certainement parce qu'elle
n'avaient plus à l'esprit que la procédure
de secours est une décision qui doit être
prise suffisamment haut.

Raisons majeures
Il y a deux types de raisons pour qu'un
parachutiste ne fasse pas sa procédure
de secours suffisamment haut. Il y a
d'abord les raisons matérielles que tous
les parachutistes devraient connaître,
comme par exemple une poignée de libération mal rangée, délogée, pas suffisamment visible, des câbles de
libération sales qui ont du mal à coulisser dans leur gaine, des gants trop épais
qui ne facilitent pas la préhension de la
poignée, etc. Tous ces points doivent
faire partie de la check-list permanente
du parachutiste.

Hors paramètres

Il est donc important de ne jamais
oublier que, en dehors des paramètres
reconnus par le déclencheur automatique utilisé, le parachutiste est seul face
à son problème, et d'autant plus s'il
s'agit d'une malfonction de la voile principale. De même, s'il parvient à libérer
juste en dessous de l'altitude d'activation
du déclencheur automatique, celui-ci ne
s'activera pas lorsque le parachutiste
repartira en chute.

Les déclencheurs automatiques sont très
perfectionnés et ils ont déjà sauvé de
nombreuses vies. Mais l'ange gardien ne
peut rien faire si la vitesse de descente
n'est pas atteinte à l'altitude où il est programmé pour s'activer. Il est fort probable qu'un grand nombre de
parachutistes ne connaissent pas précisément les paramètres qui mettront en
œuvre (ou pas...) leur déclencheur automatique.

En effet, une fois passé sa hauteur
d'activation, le déclencheur n'est plus
programmé pour intervenir. Le parachutiste n'a alors que deux ou trois secondes pour ouvrir son parachute de
secours. Certaines personnes peuvent
penser "Descendre jusqu'à 200 ou 300
mètres sous une voile en autorotation,
c'est inconcevable, ça ne peut pas
m'arriver. J'aurai libéré avant."

Cette raison mentale s'installe dans l'esprit en un éclair, et juste au moment où
il serait temps de tirer la poignée de libération. En un éclair, l'esprit a choisi de se
battre avec cette foutue voile qui tourne
alors que la plus sage des décisions serait de libérer et de faire réserve. Et dans
ce genre de situation, le temps passe
très vite.

C'est intéressant de le savoir, tout au
moins pour se rendre compte que ces
appareils ne nous protègent pas de tout.
Les déclencheurs automatiques offrent
différentes options pour une utilisation

C'est bien évidemment ce qu'il faut se
dire, mais pas seulement de temps en
temps. Cette alerte doit être en mode
veille à chaque saut. Ces derniers mois,
des personnes expérimentées se sont

Considérons une voile en autorotation
qui descende à une vitesse de 70 km/h,
cela correspond à 20 mètres par seconde. Par conséquent, un parachutiste
ouvert à 800 mètres sous une cette voile

Et puis il y a les raisons mentales, inattendues et imprévisibles. La raison mentale qui empêche de faire une procédure
de secours à la bonne altitude peut être
différente chaque jour, à chaque saut,
selon la situation.

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Juin14:325
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