ParaMag - n°327 - Août 2014 - 45

Un grand moment !... Entouré de ses amis
admiratifs, Jarrett est assis au bord de la falaise.
Il va s'élancer, seul. Chez lui, aux États-Unis,
il s'était entraîné de nombreuses fois à bien
réaliser cet "exit" en se jetant de différents
plongeoirs à la piscine.
Photo Max Haim

ans, avec toute la vie devant moi,
le monde entier qui me tendait les bras
et tant de choses à faire dans le para.

Puis j'ai fait quelques sauts de ponts
dans des conditions très "safe"
et sans temps de chute.

Malgré tout, je me sentais fort intérieurement et je refoulais toutes les pensées
négatives qui voulaient m'envahir.
Six mois après mon accident, je me
remettais à sauter en passant au-delà
des obstacles imposés par ma paraplégie.
Deux ans plus tard, j'étais à nouveau
actif en tant que plieur-réparateur
et je participais à des compétitions
de précision d'atterrissage classique,
la seule discipline dans laquelle
je pouvais encore compétiter.

Rendez-vous
en Norvège

Aujourd'hui, je peux dire que, malgré
mon handicap, je suis heureux dans ma
vie. Après mon accident, le BASE avait
quitté mon esprit. Il n'y a pas de place
dans cette discipline pour un type en
chaise roulante. Mais, les quelques bons
amis BASE jumpers qui m'entouraient
ont rendu l'impossible possible.

Après quelques sauts, nous réalisions
quelques loops et autres trucs
amusants, juste après "l'exit". Puis j'étais
livré à moi-même pour l'ouverture.

Quitter la falaise
en solo
Malgré l'expérience de mes 1000 sauts
d'avion avec ma paraplégie, malgré les
quelques sauts de pont sans chuter
et les 10 sauts de Kjerag sur le dos ou
dans les bras d'Ellis, un saut seul de la
falaise représentait un sacré challenge
pour moi. Comment allait réagir mon
corps durant la prise de vitesse avec le

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Août14:327
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Je me suis d'abord exercé à "l'exit" en
m'élançant du bord de piscines et de
plongeoirs à différentes hauteurs.

J'étais prêt pour me rendre à Kjerag,
en Norvège, où se déroule chaque
année l'Héli-boogie et durant lequel des
dizaines de BASE jumpers se retrouvent.
Je voulais tenter cette aventure et
m'élancer des falaises du Kjerag.
Néanmoins, il fallait repenser ma
méthode de saut. Je souhaitais chuter
de la falaise, mais il fallait y aller par
étapes. La méthode choisie fut donc de
sauter en étant transporté sur le dos
d'un ami, et aussi dans ses bras.
Il me lâchait après 4 ou 5 secondes de
chute, je passais face sol et j'ouvrais.
La hauteur et l'abrupt de la plus belle
des falaises de Kjerag permettaient ces
manoeuvres délicates.

Depuis mon accident, je totalise
maintenant 1000 sauts en étant
paraplégique. J'ai donc à nouveau
appris à être stable et à me mettre face
sol en utilisant seulement les bras
et le buste, et sans l'aide de mes jambes
que je maintiens par une sangle
adaptée. Je sais également dériver tant
soit peu, malgré mon handicap.
Transporté par mon ami Ellis
Boubannais, nous avons ainsi fait 10
sauts. Et je décidais de faire le onzième
saut seul, en partant assis au bord
de la falaise, comme je l'avais fait précédemment au bord de la piscine
pour m'exercer.
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