ParaMag - n°331 - Décembre 2014 - 57

Illustrations ci-dessus
The Illustrated London News du 29 septembre 1888 publie sous forme de gravures la préparation,
l'ascension et le saut de Thomas Baldwin. Lors de l'envol, Thomas Baldwin est tranquillement assis
en équilibre sur la corde reliée au cadre du ballon, et conserve en main le trapèze qui le relie au parachute.
Face au public, souliers vernis et tenue soignée de rigueur !
Arrivé à 1000 pieds d'altitude, il se laisse tomber en avant, et sa chute libère le parachute attaché au filet
du ballon par une simple ficelle à casser. On distingue à l'intérieur de la voilure le cerceau qui a pour
fonction de la maintenir légèrement ouverte au moment du saut. Puis Thomas Baldwin revient au sol
sous les applaudissements de la foule. Archives Francis Heilmann

La réussite médiatique de Red Bull Stratos
le montra encore une fois en 2012.
Dans les kiosques, les magazines titrant
"Superbe ! Un exceptionnel pas en avant
pour l'humanité !" côtoyaient ceux qui
annonçaient cyniquement "Totalement
inutile ! Ce saut n'apporte rien à la
Science !". Des jugements totalement
opposés, tout comme ceux que les
journaux de Chicago ou de Londres
affichaient en 1890.

En show aérien, les parachutistes sautaient
généralement d'un ballon captif.
Ou alors à ballon perdu : le saut effectué,
le ballon continuait sa route et partait

Américain, et originaire de Quincy dans
l'Illinois, Thomas Baldwin est orphelin
à 12 ans, ses parents tués durant la Guerre
de Sécession. Il subsiste grâce à de petits

Malgré tout, qu'ils soient sensés
et courageux, ou bien inconscients
et suicidaires, ces hommes et ces femmes
sautant de ballons ont laissé des traces
profondes dans l'histoire du parachutisme.

Thomas Baldwin

Affiche ci-dessus :
Thomas Baldwin en tête d'affiche des attractions de
l'Alexandra Palace durant l'été 1888, à Londres.
Archives Francis Heilmann

métiers, vendeur de journaux entre autres.
Puis à 15 ans, il devient trapéziste
et funambule.
De son côté, Park Van Tassel est un
organisateur de show aérien,
et de baptêmes de l'air en ballon captif,
à San Francisco. Il cherche à améliorer ses
spectacles avec des descentes en
parachute, mais il n'y connaît absolument
rien. Ce qui ne l'empêche pas de
construire son propre parachute,
à partir d'une gravure d'encyclopédie
qu'il a feuilletée un jour. Ce sera donc un
parachute rond en toile, aussi simple que
la gravure, avec à l'extrémité des
suspentes un trapèze de bois auquel se
tiendra fermement le parachutiste.
Depuis le disque de bois du premier
parachute de Garnerin, l'habitude est de

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Donc se suspendre directement au ballon
lors de l'ascension fut une méthode
largement utilisée par les parachutistes
durant les spectacles aériens de la fin du
19ème siècle, il y a 125 ans. Mais c'est aussi
et surtout une technique directement issue
des premières grandes traversées
maritimes en ballon, parfois dramatiques.
Lorsque le ballon perdait son gaz
et se rapprochait de l'eau, l'aéronaute
cherchait à éviter le naufrage en jetant
par-dessus bord tout ce qui se trouvait
dans la nacelle. S'il continuait à descendre,
en ultime recours et pour tenter de sauver
sa vie, il ne lui restait plus qu'à s'accrocher
directement au filet du ballon.
Puis il coupait les cordes de la nacelle
qui tombait alors en mer, laissant quelques
minutes de répit à l'aéronaute en perdition.

HISTORIQUE

L'ascension sans nacelle, une innovation ?
Pas vraiment. Pour ce dernier sujet historique de l'année, Alan Eustace nous donne
l'occasion de revenir un siècle en arrière,
voire plus, pour constater que les premiers
parachutistes s'adaptaient aux capacités
d'emport des aéronefs qu'ils employaient
pour monter en altitude. Que ce soit d'un
ballon à hydrogène ou d'une montgolfière,
puis par la suite d'un avion.
Vous découvrirez l'emport non
conventionnel à partir des premiers avions
dans un prochain article, car l'actualité
parachutiste du jour, c'est bien le saut
de ballon.

n'importe où avec le vent, puis se déchirait
en retombant sur des obstacles au sol.
Pour les organisateurs de sauts, si le côté
spectaculaire et sensationnel était la
priorité absolue, l'économie de moyens
était aussi réelle si l'on supprimait la
nacelle : pas de nacelle à transporter
et à entretenir, et en vol moins de poids à
soulever du sol. Donc des ballons plus
petits, moins chers, nécessitant moins de
tissus, et surtout moins de gaz particulièrement coûteux. Des ballons parfaitement
adaptés à la démonstration en public,
tout comme l'image de voltige aérienne
produite : les parachutistes de l'époque
étaient considérés au mieux comme des
acrobates de cirque aérien, au pire comme
des saltimbanques suicidaires.
Jamais ils ne furent reconnus comme
des aéronautes ou des scientifiques.

Pendus sous
le ballon, une méthode
ancienne

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