ParaMag - n°332 - janvier 2015 - 14

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Par Yves-Marie Guillaud

LE «ÇAVAPÉTISME»

de 3 % sur les plages, et un arrêté du 1er août 2006 relatif aux
personnes handicapées impose un dévers maximum de 2 %... !!

Le 6 décembre dernier a eu lieu la 61ème édition annuelle d'une
course mythique dont l'épreuve reine, la SaintéLyon, relie début
décembre, de nuit (départ à minuit), Saint-Étienne à Lyon sur 72
km avec 1.800 m de dénivelé positif, à travers les routes, les
chemins boueux et les forêts des Monts du Lyonnais (44 % de
bitume). Performance...

Le parachutisme échappe encore, mais pour combien de temps, à
une norme stipulant la pente maximum du terrain sur lequel les
parachutistes seront autorisés à atterrir. Mais chut..., ne pas le dire
à ceux qui n'y ont pas encore pensé, ça pourrait faire tout péter !

Avec les deux autres courses disputées cette nuit-là, la
SaintExpress de 44 km et la SaintéSprint de 22 km, ce sont au total
14.950 coureurs (record pour une course française), qui se sont
élancés à la recherche de la performance pour certains ou de leurs
propres limites pour la plupart. Le vainqueur de la SaintéLyon, la
course de 72 km, a mis 5h29 pour une faible prime de 2.000 euros.
Respect...
Palais des Sports de Lyon vers midi : arrivée des anonymes crottés
et boueux qui ont mis 12 heures pour dépasser leurs limites
physiques en trouvant d'ultimes forces dans leur volonté mentale.
Leurs bras se lèvent en signe de victoire, victoire sur eux-mêmes, la
plus belle des victoires. Leurs masques de souffrance se muent en
sourires au passage de la ligne d'arrivée. Émotion...

L'année 2014 s'est terminée avec le succès de la pétition contre la
DT 40 (suivi vidéo) après que les DT 38 (brevets) et DT 39
(casques) aient été mal reçues et avant que la DT 41 (vérification
dans l'avion) le soit aussi, ainsi qu'avec la grogne d'élus régionaux
contre la lettre-instruction du 1er octobre 2014, donnant prérogative
au personnel administratif fédéral sur les élus fédéraux.
Les DT sont perçues comme des oukases, des décisions
autoritaires et arbitraires. Les élus des Ligues, organes
déconcentrés de la FFP, sont humiliés de l'obligation de ne
s'adresser qu'au personnel administratif. Le pouvoir politique perd
sa légitimité derrière ses salariés et des fonctionnaires. Les normes
et injonctions poussent le système à une forme d'autodestruction.
Est-ce que ça va péter ?

Certains arrivent main dans la main : couples, parents-enfants,
amis. D'autres se congratulent de s'être connus et soutenus
pendant la course. Tous sont humblement fiers, et les parents et
amis qui les attendent sont légitiment fiers d'eux. Partage...

«Plus l'État est impuissant, plus le pouvoir politique perd de sa
légitimité, plus le risque de sécession du peuple est réel, plus l'État
légifère. Comme le disait Gibbon, dans son livre sur la fin de
l'Empire romain : le Sénat légifère, mais ne règne pas. Le prurit
législatif est le signe le plus sûr de la décadence» (Michel Maffesoli,
professeur de sociologie à la Sorbonne, Le Figaro, 17-12-14).

Performance, respect, émotion, partage... Une semaine
auparavant, dans la même région lyonnaise, avait lieu la soirée de
clôture de l'excellente saison de l'École de Parachutisme de LyonCorbas. Les films des pratiquants proposés au petit concours de
début de soirée reflétaient les mêmes valeurs du sport, l'humour en
plus, dans un contexte pourtant radicalement différent.

La FFP légifère, mais règne-t-elle encore ? La légitimité de ses
Directives Techniques, qui n'ont force obligatoire qu'au sein de la
FFP, et la légitimité de ses dirigeants, qui sont élus majoritairement
par des associations, sont discutées. Le peuple fait sécession :
fleurissent et prospèrent les «PP», professionnels et parachutistes,
et leurs syndicats : SNPP, SPPS et GEPP (dans l'ordre d'apparition).

Alors, interrogeons-nous. Le nombre de coureurs des trois courses,
14.950, est similaire au nombre de licenciés annuels de la FFP,
15.611 en 2013. La halle de Saint-Étienne, d'où partaient les 7.000
coureurs de l'épreuve de 72 km, contenait l'équivalent de près de
la moitié du parachutisme sportif. À force de s'auto-congratuler, on
finirait par oublier à quel point le parachutisme est confidentiel.

Décadence ? Selon certains, ça va péter. De par le Code du Sport,
les «PP» sont sous-représentés au sein des fédérations sportives.
Faute de mise en place de mécanismes internes d'intégration des
«PP», leurs syndicats sont reçus en marge, comme le 28 novembre
2014 à Barsac lors d'un séminaire de la DTN avec le bureau
directeur de la FFP, même si c'est un début à encourager.

Est-il alors raisonnable qu'il soit divisé entre une fédération : FFP
(Fédération Française de Parachutisme), trois syndicats : SNPP
(Syndicat National des Parachutistes Professionnels), SPPS
(Syndicat des Professionnels du Parachutisme Sportif) et GEPP
(Groupement des Écoles Professionnelles de Parachutisme), et
deux ministères : Sports et Aviation civile ?

Pourtant, en nombre de sauts, les écoles «PP» sont majoritaires au
sein de la FFP, sans même qu'il soit besoin de prendre en compte
l'activité grandissante hors FFP, qui concerne essentiellement le
tandem pour l'instant. Pour l'instant ?

Pendant que ces organismes procrastinent et coupent les cheveux
en quatre dans le sens de la longueur, le monde avance :
Parachutisme Atmosphair, une société basée à Saint-JeanChrysostome près de la ville de Québec, recrute en France par
petites annonces des instructeurs tandem ou PAC, des
«cameramen», des plieurs et même du personnel d'accueil, à
temps plein ou partiel.

Janvier15:332
paramag.fr

La France parachutiste est atteinte de schizophrénie, qui pourrait
faire péter le système, par l'effet d'une réglementation dont le
caractère kafkaïen croissant n'est pas de la seule responsabilité de
la FFP, et qui ne touche pas seulement le parachutisme.
Qu'on en juge au sujet des piscines publiques : un arrêté du 27 mai
1999 relatif à l'hygiène et la sécurité impose une pente minimum

Une nouvelle pétition concernant l'école associative d'AvignonPujaut a été mise en ligne mi-décembre pour réclamer «la prise en
compte des différents avis des adhérents avant que leur
mécontentement devienne préoccupant» et «une gestion plus
transparente». Avant que ça pète ?
Ces pétitions expriment une exaspération qu'un acteur important du
parachutisme traduit ainsi : «J'avais imaginé une grosse lessiveuse
dans laquelle on mettrait tout le monde : FFP, SNPP, GEPP, trucFF,
machinPP, et que, la nouvelle lessive lavant plus blanc que blanc,
on démarrerait l'année 2015 dans le merveilleux monde du
parachutisme, comme au Canada qui recrute en France».
Le çavapétisme est tendance cet hiver. «Il vaut mieux qu'il pleuve
(que ça pète) aujourd'hui qu'un jour de beau temps», dit une
maxime populaire. Souhaitons du beau temps en 2015.
Bonne année ! ■

ParaMag - n°332 - janvier 2015

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