ParaMag - n°332 - janvier 2015 - 4

Courrier des lecteurs
Je suis un lecteur assidu de la rubrique
Iconoclaste sur ParaMag. Je peux être
d'accord ou pas avec les réflexions qui
y sont développées, mais j'apprécie la
volonté d'ouvrir des débats.

Édito
«Aller là-haut»...
Ce sont des vœux un peu particuliers
que la rédaction de ParaMag adresse
à ses lecteurs en ce début d'année
2015. En les publiant dans la même
page que les "courriers de lecteurs",
le but est de démontrer le lien qui
existe entre le magazine, votre magazine, et ses abonnés.
En cette période difficile sur le plan
économique, c'est aussi l'occasion de
rappeler que ParaMag n'existerait pas
sans ses abonnés. Merci à vous qui
continuez à nous être fidèles !
Même si l'abonnement à ParaMag
ne représente que l'équivalent de
quelques sauts, nous savons à quel
point les budgets se sont resserrés
pour certains qui font tout pour pouvoir
continuer à pratiquer leur passion.
Et c'est également une occasion de
mettre en avant le très beau texte
intitulé "30 ans" que Bruno Delmas a
concocté pour saluer le trentième
anniversaire du CEPS Ariège à Pamiers
(voir article en page 12). Beaucoup de
parachutistes, plus ou moins jeunes,
de bénévoles et de professionnels,
travaillant dans des associations ou
dans des écoles professionnelles,
se reconnaîtront dans ce texte, tant son
contenu est authentique.

"...«Aller là-haut» .../... Venez prendre
et donner du plaisir, remplissez-vous
en vous vidant pour que ce cœur batte
et batte encore pendant 100 ans..."
Que dire de plus en ce début de
saison ? Juste vous souhaiter
une belle année et une bonne saison
parachutiste pour 2015 !
Bruno Passe

Janvier15:332
paramag.fr

Concernant celui ouvert sur les dernières
directives techniques 40 et 41, sur le
ParaMag 331, je ne peux pas rester sans
réaction, notamment sur la directive 41.
Une des spécificités de notre sport est
un turnover important des pratiquants
à tous les niveaux, y compris dans
l'encadrement et la population
enseignante. Ce phénomène entraîne un
effet de perte de mémoire de ce qu'il
s'est passé avant nous. La majorité des
enseignants de 2014 ne faisaient pas
de para dans les années 1990.
Pourtant, à cette époque, plusieurs accidents graves ont eu lieu lors d'ouvertures
intempestives de secours à la porte,
y compris avec des morts.
A cette époque, je peux vous assurer
que les gens acceptaient qu'on les
contrôle avant de sauter, ils étaient
même demandeurs. Avec le temps,
le matériel a évolué, il est devenu plus
sûr et les gens qui ont connu les accidents sont partis. Bien sûr, la nouvelle
génération pense avoir inventé le parachutisme. C'est probablement vrai pour
les techniques de free-fly et la soufflerie,
mais, pour ce qui est de la sécurité en
vol, rien n'a changé. Si on ne se fait plus
contrôler, un jour ou l'autre on a un
accident. C'est comme ça, le temps
passe, les paras aussi, mais les statistiques restent. Je ne peux pas accepter
qu'un moniteur PAC puisse dire
«personne ne touche à mes rabats».
Ce n'est pas que sa sécurité qui est en
jeu, vous n'avez qu'à demander au pilote
du Cessna de Tarbes ou du Cessna 207
de Corse dans les années 90 !
On peut parfaitement contrôler une
aiguille de secours sans enlever le rabat,
on peut et on doit regarder son voisin
et y repérer un cache-élévateur soulevé,
un HDP un peu sorti, une sangle de
poitrine mal mise et toutes ces petites
choses qui un jour provoquent un
incident, voire un accident.
Le fait de mettre une poignée pour
se tenir à la porte ne va pas forcément
changer la donne, de toute façon,
la directive du 24 octobre 1974 le
prévoyait déjà. Par contre, le contrôle
avant de sortir peut éviter des morts.
Bien sûr qu'il y a des fois où ce n'est pas
possible. Quand le couple PAC est tout
seul au dernier passage, je ne demande
pas au moniteur de se faire vérifier par

son élève, mais s'il reste dans l'avion
quelqu'un capable de le faire, ce doit
être fait. Si ce n'est pas le cas, ça devient
à mon avis un homicide par imprudence
et je suis étonné qu'un avocat comme
Yves-Marie Guillaud puisse valider
ce raisonnement.
Concernant la directive 40 sur le suivi
des tandems en vidéo, j'imagine que la
FFP a de bonnes raisons de lancer ça,
mais il est clair que ce n'est pas acceptable en l'état. D'un côté, on a la professionnalisation qui a fait évoluer nos
structures. Les équilibres n'ont pas encore
toujours été trouvés, mais ça avance.
De l'autre côté on a un contexte législatif
de plus en plus contraignant qui laisse
de moins en moins de marge de
manœuvre aux directeurs technique
et aux dirigeants. Je pense qu'au
contraire, il est nécessaire de redonner
aux DT des marges de manœuvres.
Si ce n'est pas possible, demain on
n'aura plus besoin de DT ou de
diplômes, on mettra un ordinateur
pour appliquer bêtement des
directives techniques.
Le parachutisme moderne n'est pas
seulement un grand marché qui permet
à des personnes de faire du business
légalement ou au noir. Il y a aussi des
gens, et ils sont majoritaires, qui pratiquent pour le plaisir, la compétition,
ou la simple volonté de faire avancer les
choses. Concernant notre problème,
dans tous les clubs de France, associations ou sociétés, ce cas se présente
régulièrement et il est géré au coup par
coup par la direction locale. Il n'y a
aucune raison de retirer cette prérogative
aux DT et aux dirigeants des structures.
Le parachutisme sportif doit rester un
moment de plaisir, de convivialité, où les
pratiquants peuvent se retrouver sans
forcément payer pour tout. Il n'y a
aucune raison de forcer un para à payer
quelqu'un pour faire quelque chose qu'il
est capable de faire lui-même ou qu'un
copain accepte de faire. Que la FFP
prévoie des minimas techniques pour
un type d'activité me paraît normal,
mais qu'on oblige à avoir une qualification professionnelle pour faire ça,
ce n'est pas acceptable.
Quoi qu'il en soit, la FFP doit trouver
une solution qui permette à tout un
chacun de pouvoir continuer à filmer
un ami ou la famille, sans avoir à payer
quelqu'un pour le faire.
Claude Séguéla

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