ParaMag - n°332 - janvier 2015 - 53

Une technique efficace pour impressionner
le spectateur, car si Vassard opte pour une
situation délicate au moment du largage,
ce n'est pas par nécessité technique, mais
bien pour faire venir en masse le public.

Voilà encore une belle histoire d'hommesvolants, et qui se conclut un peu
toujours de la même façon.
L'inventivité, l'énergie des parachutistes
ont pour mission de toujours prendre le pas
sur les lourdeurs administratives de l'État,
ou de qui que ce soit.

Pour la version "saut d'avion", tout devient
plus compliqué. Surtout lorsqu'il ne dispose
pas d'un gros-porteur de type Junker 52
ou Dakota, mais là encore il trouve une
solution. En juillet 1951, il monte un petit
siège entre les haubans d'un Fieseler
Storch 156, du côté droit et face à l'arrière.
Comme Jean Ors 37 ans plus tôt.

"Des prouesses qui feront frémir d'angoisse
les spectateurs", annonce donc le
programme du jour à Cholet en 1934...
Et bien évidemment, le 16 mai 1937
à Tours, le public en aura vraiment
pour son argent.

En vol, rapidement il glisse de son siège,
poussé par le vent relatif, et la position est
difficile à tenir. Au point qu'à 100 mètres
du sol, il va tomber et demande au pilote
de redescendre d'urgence. À cette altitude,
jamais il n'aurait eu le temps d'ouvrir son
parachute.

En sortant de l'avion pour un saut classique
à 400 mètres, Vassard accroche la poignée
de son parachute dans la porte qui est
étroite. Le parachute se déploie, se plaque
le long du fuselage, finit par se décrocher,
mais reste en torche jusqu'au sol.
André Vassard s'écrase dans le parking
des automobiles, juste devant le public.
Et à 20 mètres de sa femme horrifiée.

Le 30 mai 1995, à Yeadon en Angleterre,
même réponse au même problème.
D'autant que l'avion disponible est le petit
monoplan Morane-Saulnier MS 502 Criquet
des "Publicités Aériennes", venu de Guyancourt pour l'occasion. Un avion léger qui
est la copie conforme du Fieseler Storch
156 allemand, que Morane-Saulnier
produisait déjà pour l'occupant durant la
Deuxième Guerre mondiale. Valentin monte
un strapontin entre les haubans en V de
l'avion, et s'assoit dessus, toujours le dos
à la marche. Une position particulièrement

Léo Valentin, le roi du
strapontin ailé
En juin 1951, après avoir abandonné l'idée
de voler avec des ailes de toile,
Léo Valentin essaie ses ailes rigides pour

Yves Rossy
for ever !

HISTORIQUE

Valentin opte donc pour une montée
quasiment debout, à côté de l'habitacle
vitré. Sur le côté gauche du bâti moteur,
il a fait monter une planchette qui lui
servira de siège. Une position d'équilibriste
sur le patin du Hiller 360, tout comme le
fait l'homme-oiseau Yves Rossy 60 ans plus
tard avec ses ailes à réaction.

Au début des années 30, André Vassard
est le spécialiste français du trapèze aérien
et des descentes en parachute. Le combiné
des deux activités est périlleux et spectaculaire. Pendu à 10 mètres sous l'avion,
Vassard exécute tous les exercices
habituels du cirque, durant une demiheure. Puis, pour clore son exhibition,
il saute en parachute de son trapèze volant.

inconfortable malgré le cale-pied qui l'empêche désormais de glisser durant le vol.

>

la première fois à Cormeilles-en-Vexin,
à 1300 mètres. Mais contrairement aux
ailes souples de l'année précédente,
ses nouvelles ailes de bois de 2,50 mètres
d'envergure ne rentrent plus dans
la minuscule cabine de l'hélicoptère.

Vassard,
la fin normale
du trapéziste

Et actuellement Yves Rossy en est un
parfait exemple vivant. Toujours battant,
toujours vivant, l'Homme-Oiseau à réaction,
perché sur le patin de son hélicoptère,
n'a pas fini d'en découdre avec les énergies
réactionnaires, tout comme les pionniers
de la chute libre il y a un siècle déjà.
Un combat pour tous, un combat de
Titans pour un rêve humain, le vol humain
libre ! ■

Bibliographie - 1990
The Sky People - Peter Hearn
The Silken Canopy - John Lucas - 1997
Le Parachute - Borgé-Viasnoff - 1977
Homme-Oiseau - Léo Valentin - 1954
Schweben - La vie de Josef Eschner

Photo ci-dessous :
En 2011, pour ses vols spectaculaires dans le Grand
Canyon, Yves Rossy "Jetman" utilisait un
hélicoptère qui ne pouvait pas contenir son aile
rigide. Comme ses illustres prédécesseurs,
c'est donc à l'extérieur de l'aéronef,
debout sur le patin, que "Jetman" effectuait
la montée en altitude.

Jetman - 2011

LIENS
WEB

Les fabuleuses aventures du Jetman Yves
Rossy, à suivre sur : www.jetman.com

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Janvier15:332
paramag.fr

Archives Pathé : un documentaire sur le saut
de Léo Valentin en mai 1955, à Yeadon,
en Angleterre. On voit Léo Valentin montant
son strapontin entre les haubans de l'avion,
un monoplan Morane-Saulnier MS 502
Criquet, et s'installant dessus
avant de prendre l'air.
www.youtube.com/watch?v=WbOxalJ2d9U

Bruno Brokken

+
http://www.jetman.com
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