à Paris - n°25 - Hiver 2007 - (Page 27)

portrait // Services Ambassadrices des sciences pour Paris Elles sont jeunes mais leurs travaux sont déjà des références internationales. Ce sont les nouvelles “têtes chercheuses” de la Ville de Paris, qui décerne tous les ans un prix pour encourager les vocations scientifiques féminines. Portraits croisés de deux mathématiciennes. “Le travail du chercheur est solitaire mais il a besoin à certaines étapes de confronter ses idées aux autres” ans. En 2006, les deux mathématiciennes l’ont reçu ex-aequo. es cheveux courts et le jean étroit, Laure et Isabelle ont l’air de Une des conditions en était l’engagement des lauréates auprès deux grandes filles toute simples mais sont bardées de diplômes, des jeunes lycéennes, afin de les inciter à s’orienter vers les prix et distinctions en tous genres. Laure Saint-Raymond, 32 ans, sciences qui ne font pas encore la part belle aux femmes. Pour professeur à l’université Paris VI, reçoit dans son laboratoire à l’Ecole les deux amies de longue date, c’était une évidence : “Transmettre Normale Supérieure, où elle enseigne également. Son bureau est d’une fait partie du métier de fonctionnalité spartiate : un scientifique”. tableau blanc couvert d’équaLes maths permettent de toucher à Dans les classes où Isabelle tions, quelques dossiers, un et Laure interviennent, elles ordinateur,un carnet à spirales, des domaines comme la biologie ou la physique. doivent souvent répondre un dictionnaire.Un laboratoire aux mêmes questions sur sans éprouvettes, ni instruleur métier : “A quoi ça sert ?” ; “Il y a encore des maths à chercher ?” ments. Son domaine de recherche? “La transition entre la théorie cinéIsabelle Gallagher, 34 ans, professeur à l’Université Paris VII, tique des gaz à l’échelle atomique et les modèles continus de la mécanique explique : “Les maths c’est bien davantage que du calcul. Nous des fluides, ainsi que les fluides en rotation rapide”. En l’énonçant, la démontrons que certains modèles compliqués peuvent être simplijeune chercheuse a le regard amusé de celle habituée à lire l’incompréfiés tout en ayant les mêmes comportements. Cela nous permet de hension chez ses interlocuteurs. toucher à des domaines très différents, comme la biologie ou la physique.” ■ Inciter les lycéennes à s’orienter vers les sciences La jeune chercheuse, qui travaille, entre autres, sur les “équations C’est en partie pour remédier à cette ignorance du grand public de Navier-Stokes, les fluides géophysiques, les équations d’ondes que le Prix de la Jeune Scientifique de Paris a été créé, il y a trois et de Shrödinger semi-linéaires”, est dans un domaine très proche de celui de sa consœur. “La recherche fondamentale est faite de Isabelle Gallagher et Laure Saint-Raymond. Les deux mathématiciennes beaucoup de hasard, poursuit Laure, on ne sait pas par avance à quoi travaillent ensemble sur le projet “mathématiques et océanographie” elle pourra servir. La plupart du temps d’ailleurs, on démontre ce que les physiciens savent déjà expérimentalement.” Et Isabelle de compléter poétiquement : “Heureusement, on a aussi des surprises : et ça, ça peut être très joli !” L “ ” ■ Un métier intéressant qui laisse une grande liberté Comme Isabelle, Laure est mère de famille nombreuse et trouve aussi le temps de jouer en formation musicale. “On a la chance de faire un métier intéressant qui, en plus, nous laisse une grande liberté.” Les deux jeunes ambassadrices des maths ont été bien choisies : elles n’en ont pas conscience, mais elles dépoussièrent l’image d’Epinal des femmes scientifiques. ■ Plus d’info sur le Prix de la Jeune Scientifique de Paris sur Education.paris.fr trimestriel hiver 2007 // àParis // http://Education.paris.fr

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