Guide_Agences_2020_Tome2 - 6

AGENCES
Entretien

« LE CODE DE L'ENVIRONNEMENT
DOIT ÊTRE REPENSÉ »
ÉVÉNEMENTIEL Bertrand Biard, le président de l'association Lévénement, revient sur l'amélioration du secteur ces derniers
mois, mais aussi sur les difficultés qu'il rencontre dans les grandes villes et sur la question des délais de paiement.
PROPOS RECUEILLIS PAR EMMANUEL GAVARD

Quel bilan faites-vous de l'année écoulée ?
BERTRAND BIARD : Le marché est assez dynamique, avec
beaucoup d'appels d'offres et de projets. Nous sommes
loin de fin 2015 ou 2016 où, à la suite des attentats, il y
avait pas mal d'attentisme. Aujourd'hui, tous les secteurs de la communication événementielle sont dynamiques. Que ce soit la communication interne, B to B ou
B to C. La seule chose que l'on note, c'est qu'il est de plus
en plus difficile d'organiser des événements sur la voie
publique, que ce soit pour des contraintes de sécurité ou
pour des questions d'autorisation. Les grandes villes et
les préfectures ont tendance à regarder d'un mauvais
œil ce type de manifestations des marques.

@ManuGavard

fin de non-recevoir alors que nous, nous
sommes porteurs de véritables projets
à contenu. Le code de l'environnement
doit être repensé.

À quoi cela est-il dû ?
B. B : Les manifestations des Gilets jaunes ont forcément
joué un rôle en occupant les lieux et les centres-villes et
en mobilisant les forces de sécurité. Et dans une période
post-attentats, les forces de l'ordre sont plus mobilisées
et donc plus regardantes sur certains rassemblements
ou certains événements, et nous le comprenons aisément. Mais il n'y a pas que cela.

Ce constat est-il limité à Paris ?
B. B : Non, cela touche toutes les grandes
villes, car ce sont les premiers bassins
d'audience pour les marques qui veulent
toucher un large public. Cela représente
des centaines voire des milliers d'événements par jour. L'argument du code
de l'environnement doit changer. Il faut
repenser ce texte qui date. On doit mener des groupes de travail entre élus,
agences et annonceurs pour permettre
aux marques d'exister de bonne manière. Les villes se plaignent de la baisse
des subventions des collectivités. Elles
sont bien contentes quand on vient louer
un bâtiment ou un musée pour une soirée privée pour un client.

C'est-à-dire ?
B. B : On nous refuse aussi fréquemment des autorisations sous prétexte que les collectivités ne veulent plus
avoir des marques commerciales qui s'affichent sur la
voie publique. Ce sont les mairies, souvent, qui nous
les refusent en invoquant le règlement de la publicité
extérieure. Mais la plupart des chantiers et des ravalements de façade des grands bâtiments sont recouverts de publicités aux couleurs de grandes marques,
et cela ne gêne personne d'avoir des pancartes énormes
de marques d'électronique dans les villes pendant des
semaines. En outre, nous créons autre chose que de la
simple visibilité pour une marque. Nous apportons de
l'entertainment, nous créons aussi de l'animation et
du lien social, du dialogue entre les gens. Donc nous
ne comprenons pas pourquoi, lorsqu'on voit les surfaces publicitaires qui augmentent, on nous oppose une

Vous citez les panneaux sur les chantiers, mais
c'est souvent du mécénat...
B. B : Justement, ce type d'affichage est
a fortiori défiscalisable ! Donc en outre,
l'État n'y gagne pas grand-chose. Que
la redevance augmente pour l'événementiel, à la rigueur, discutons-en. Je
ne pense pas que cela poserait de problème à nos clients. Le seul souci, c'est
que maintenant, on ne peut même pas
parler. Nous souhaitons simplement
être traités pour ce que nous sommes :
une industrie qui crée, outre de la visibilité pour une marque, de la valeur,
du lien social et de l'animation dans les
villes. Et pour ce qui est des normes RSE,
nous respectons à la lettre, quand nous

STRATÉGIES - GUIDE AGENCES TOME 2

2020

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