i+D - Juillet/Aout 2018 - 45

Réaménager l'histoire - par Brian Libby

Créativité dans le cadre
de lignes directrices

Pour son travail de restauration
et de modernisation du palais
de justice d'Elgin county à
St. Thomas, Ontario, Canada,
EVOQ a obtenu de l'Association
canadienne d'experts-conseils
de patrimoine un prix du
mérite pour la conservation
des bâtiments.

Lorsqu'ils restaurent des bâtiments historiques, les designers doivent
composer avec une panoplie de règlements locaux, provinciaux ou étatiques,
et nationaux ; mais ils peuvent aussi se tourner vers le gouvernement
pour savoir comment faire, ainsi que pour obtenir de l'aide financière. « Il
faut des lois qui empêchent que l'on démolisse les bâtiments, mais il doit
néanmoins y avoir une certaine souplesse soigneusement gérée », explique
Ashley R. Wilson, de National Trust for Historic Preservation, ancienne entité
du gouvernement américain établie dans le D.C. et agissant désormais à
titre d'organisme sans but lucratif indépendant. « Vous devez préserver les
éléments qui définissent le caractère d'un immeuble, tout en reconnaissant
que beaucoup de petits éléments ne peuvent être conservés. Il s'agit
davantage de préserver l'ambiance et le lieu. »

(Photo : EVOQ)

Mme Wilson recommande de consulter les principales lignes directrices
telles que les normes de traitement des intérieurs de propriétés
historiques (Interior's Standards for the Treatment of Historic Properties).
« Fondamentalement, si l'immeuble sur lequel vous travaillez se situe dans
un district désigné historique ou s'il est inscrit dans le registre national des
lieux historiques (National Register of Historic Places), vous devez toujours
vous y référer, indique-t-elle. Ce sont vraiment les pratiques exemplaires
à cet effet. » Les normes Secretary's Standards classent ce domaine en
quatre catégories : conservation, réhabilitation, restauration et reconstruction.
Mais à l'intérieur de ces limites, ajoute Mme Wilson, il y a suffisamment
de jeu pour une créativité intérieure qui n'est pas nécessairement assujettie
au passé.
« Pour beaucoup d'entre nous, lorsque nous travaillons avec un bâtiment
historique, c'est une prime énorme, fait-elle remarquer. Il y a ce caractère
historique qui est déjà là. Et ce que vous faites peut le faire ressortir. C'est
tellement rare pour un designer d'avoir un canevas blanc, sans contexte.
La conservation est simplement l'un de ces contextes. Il existe aussi des
contraintes établies pour les nouveaux édifices : taille des fenêtres ou
matériaux que l'on peut utiliser. Les designers d'intérieur peuvent en arriver
à comprendre l'histoire d'un bâtiment, de sorte qu'il est possible d'entrelacer
cette histoire dans le tissu du bâtiment, de jouer avec, et même d'y ajouter
un soupçon d'ironie. »

Cependant, chaque restauration d'immeuble ne doit pas nécessairement
singer un intérieur historique. En fait, l'un des principes fondamentaux
d'une conservation historique est d'établir une distinction claire entre l'ancien
et le nouveau. Par exemple, dans le palais de justice d'Elgin County à
St. Thomas, Ontario, Canada, EVOQ s'est vu confier le mandat d'intégrer
un point de contrôle de sécurité dans un immeuble de style palladien datant
de 1852. « Nous avons discuté avec le client pour savoir s'il y avait lieu de
camoufler les détecteurs sous des boiseries et des décorations victoriennes,
mentionne Mme Gersovitz. Et nous avons estimé que ce ne serait pas une
bonne idée, que nous n'avions pas besoin de leur donner l'apparence d'un
détecteur de style victorien. Il n'est pas nécessaire que chaque élément ait
l'air d'avoir fait partie du bâtiment d'origine, mais vous pouvez vous assurer
que ces éléments conviennent au nouveau rôle de l'immeuble et à cette
nouvelle époque. »

« Pour beaucoup d'entre nous, lorsque
nous travaillons avec un bâtiment
historique, c'est une prime énorme.
Il y a ce caractère historique qui est déjà
là. Et ce que vous faites peut le faire
ressortir. C'est tellement rare pour
un designer d'avoir un canevas blanc,
sans contexte. La conservation est
simplement l'un de ces contextes. »

i+D - juillet-août 2018

-ASHLEY R. WILSON, NATIONAL TRUST
FOR HISTORIC PRESERVATION

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i+D - Juillet/Aout 2018

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