i+D - Septembre/Octobre 2018 - 39

Le design de ce que l'on ne voit pas - par Brian J. Barth

Le design pour le mieux-être devrait
s'attacher à favoriser la santé de
ceux qui sont les plus vulnérables,
ce qui conduit inévitablement à des
bâtiments qui sont sains pour le
reste de la population.

Des éléments de design biophiliques,
comme des murs verts et du bois
naturel, sont en jeu au siège social
de Delos à New York.
(Photo : ImagenSubliminal)

Des concierges verts
Personne ne connaît mieux un bâtiment que son personnel
d'entretien. C'est pourquoi l'USGBC-LA (conseil du bâtiment
durable des É.-U., Los Angeles) a mis sur pied le Green Janitor
Education Program, programme de formation et de certification
habilitant les concierges à devenir intendants de la durabilité.
Collaboration avec le Building Skills Partnership, le Service
Employees International Union United Service Workers West
(SEIU-USWW), et la Building Owners and Managers Association
of Greater Los Angeles (BOMA-GLA), ce programme offert
en espagnol enseigne les bases de la durabilité, et forme les
participants à détecter des fuites et signaler les appareils
électroniques demeurés allumés inutilement.
Les 56 bâtiments inscrits au programme depuis qu'il a été mis
sur pied en 2014 et qu'il a diplômé plus de 800 personnes dans
toute la Californie ont fait des économies d'énergie moyennes
de plus de 5 pour cent, et la plupart de ces immeubles ont aussi
économisé beaucoup d'eau.
Mais, comme l'explique Dominique Hargreaves, directrice
administrative de l'USGBC-LA, le programme comporte aussi un
important volet sur la santé et le mieux-être, en encourageant le
choix de produits de nettoyage écologiques et non toxiques. « Le
personnel du service de nettoyage et d'entretien craint d'adopter
de nouveaux produits, car circule depuis longtemps cette idée
fausse voulant que les produits écologiques ne nettoient pas aussi
bien. Le rendement du travail d'un employé d'entretien se mesure
à la propreté d'un bâtiment, c'est pourquoi il faut bien des
démonstrations avant de leur faire prendre le virage vert. »
Ce changement n'est pas une bonne nouvelle que pour les
gens qui travaillent dans ces lieux, mais aussi pour ceux qui
utilisent les produits, ajoute Mme Hargreaves. « Les diplômées
du programme nous ont dit qu'après avoir adopté ces produits
verts, les symptômes qui les affligeaient parfois, tels que les yeux
larmoyants ou le mal de gorge, avaient disparu. » Et en prime,
les concierges certifiés font profiter leurs communautés de ces
nouvelles connaissances : beaucoup ont déclaré que leurs factures
personnelles d'énergie et d'eau avaient diminué.

Même si elle aspire ardemment à un environnement bâti plus
sain, Mme Gray reconnaît que les chercheurs doivent adopter
une approche collaborative pour réaliser cette vision. « En tant
que scientifique, ce n'est pas mon travail de dire aux designers
comment concevoir pour la santé. Cela serait plutôt effronté de
ma part, dit-elle en riant. Comme si je disais, "lisez cet article
scientifique sur le bon niveau d'éclairage pour les yeux". Mes
collègues designers vont répondre : "D'accord, génial, mais
quelles ampoules faut-il spécifier ? Combien coûtent-elles ?
Le fabricant sera-t-il toujours sur le marché l'année prochaine ?
Parce que nous avons des contrats de gestion de plusieurs
années dans ces locaux." C'est là que la rupture se produit.
Le moyen le plus puissant de transposer la recherche dans la
pratique est de savoir où s'arrête votre travail et où commence
celui des designers et, dans les faits, de mieux harmoniser
ce processus et le rendre plus synergique. »
BRIAN J. BARTH
est un journaliste à la pige ayant des antécédents
en planification et design de l'environnement. Il a
collaboré à une gamme de publications, du Landscape
Architecture Magazine à NewYorker.com.

i+D - septembre-octobre 2018

« Le programme est aussi un bon exemple d'initiatives durables
qui se poursuivent longtemps après qu'architectes et designers
aient quitté le bâtiment. Vous pouvez concevoir de magnifiques
édifices durables, avec matériaux locaux et finis sans COV, dit
Mme Hargreaves, mais si, après, vous faites l'entretien de ces
lieux sains avec des produits toxiques, vous annulez en quelque
sorte tout ce bel effort. »

Le Green Janitor
Education Program
s'est révélé profitable
tant pour les diplômés
que pour les édifices
qui les emploient.
(Photo : USGBC-LA)

Les immeubles du Department of Water and Power de Los
Angeles, des studios Sony, de CBRE (Pacific Corporate Towers)
et des studios d'animation DreamWorks dans le sud de la
Californie comptent parmi ceux qui ont déjà des concierges verts.
Le programme s'est déplacé le long de la côte - de San Diego
à la Silicon Valley - grâce à de nouvelles sections de l'USGBC,
et s'apprête à prendre de l'expansion au-delà des frontières
de l'État, d'autres sections ayant indiqué vouloir instaurer le
programme dans leur propre région.
http://www.NewYorker.com
i+D - Septembre/Octobre 2018

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