i+D - Septembre/Octobre 2018 - 54

La couleur, en théorie - par Diana Mosher

Carrières hautes
en couleur

Les facilitateurs de prévision des couleurs collaborent
en orientant les prévisions nord-américaines du
Color Marketing Group.
(Photo : Color Marketing Group)

Ceux qui écoutent leur passion pour devenir
spécialistes du design de la couleur commencent
généralement par suivre une formation de design
d'intérieur, de design industriel, de beaux-arts,
de graphisme ou de science de la couleur.
Les universités, les écoles indépendantes et les
ateliers offrent des cours ciblés sur la théorie et la
science de la couleur, et sur la manière dont elles
sont mises en pratique dans les industries. Les
professionnels du design de la couleur peuvent
travailler dans une diversité de domaines, tels que
la fabrication, le marketing, le développement de
produits, l'emballage, le marketing numérique, les
arts, la vente, l'éducation et le design d'intérieur.
Les spécialistes font remarquer que travailler
dans le monde de la couleur est un exercice
sans fin de découverte, et que parler de couleur
avec les clients peut mener à des histoires

personnelles incroyables au sujet de choses
qu'ils avaient oubliées depuis longtemps. Selon
Leatrice Eiseman, vous rappelez aux clients
pourquoi ils peuvent aimer ou détester une
couleur ; essentiellement une chose qui a pu s'être
produite dans leur enfance qui les a disposés
ou rebutés envers une couleur en particulier.
« Si vous êtes vraiment mordu à l'idée de cette
couleur particulière pour ce produit distinct, et si
vous pouvez en faire une évaluation sérieuse
et présenter à vos clients des faits à l'appui -
mais aussi découvrir pourquoi ils n'aiment pas
cette couleur -, cela peut vous emmener sur
un chemin incroyable avec eux. »
DIANA MOSHER, membre alliée de l'ASID,
est designer d'intérieur et consultante
en médias établie à New York. Elle est
également directrice des communications
pour la section New York Metro de l'ASID
pour 2017-2019.

La neuroesthétique en plein essor
Les scientifiques savent que nous sommes touchés
par la beauté des gens, des paysages, des artéfacts, de
l'art et de l'architecture - mais comment et pourquoi
demeurent un mystère intéressant. La neuroesthétique
est un nouveau domaine de la recherche qui étudie
ce qui se passe dans le cerveau lorsque les gens font
l'expérience de la beauté et comment le cerveau
déclenche ces expériences d'esthétisme. Aussi loin
qu'il y a 300 ans, le philosophe et homme d'État
britannique Edmund Burke écrivait sur la manière
dont la physiologie pouvait avoir un effet sur
nos expériences esthétiques ; mais la science de la
neuroesthétique n'a vu le jour qu'il y a environ 18 ou
20 ans. Le terme neuroesthétique a été inventé dans
les années 1990 par le neuroscientifique de la vision
Semir Zeki de l'University College de Londres.
Les méthodes et les approches de la neuroscience
cognitive, lorsqu'elles eurent suffisamment évolué, ont
alors pu être appliquées à des expériences esthétiques
de la même manière qu'elle avaient été utilisées
pour étudier le langage, les émotions, la perception
ou la prise de décision », indique Anjan Chatterjee,
M. D., professeur de neurologie et chef de service
de la chaire Frank A. and Gwladys H. Elliott du
Pennsylvania Hospital, et directeur du Penn Center
for Neuroesthetics à l'Université de Pennsylvanie.
« Le domaine représente une convergence de la
neuroscience et de l'esthétique empirique - l'étude
de l'esthétique enracinée par l'observation. »

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En juin, le Dr Chatterjee a été nommé directeur du
tout nouveau Penn Center for Neuroesthetics, le
premier centre de recherche de ce genre aux
États-Unis, et un excellent indicateur que le domaine
est en plein essor. Dans les six premières semaines
suivant l'inauguration du centre, de nombreuses
entreprises commerciales ont communiqué avec lui
pour discuter d'éventuelles collaborations. « Je crois
que les gens s'intéresseront au fait qu'il s'agit d'une
discipline scientifique pour tenter d'étayer ce que l'on
pense du design des lieux et des objets dans le but de
les rendre plus attrayants », indique Anjan Chatterjee.
« Dans mon laboratoire, poursuit-il, nous avons
étudié certains aspects, qui sont communs à tous les
intérieurs. » Par exemple, la hauteur d'un plafond, à
quel point l'espace est ouvert ou non (par la présence
d'une fenêtre ou d'un mur qui vous permet de poser
le regard au-delà des limites physiques de la pièce dans
laquelle vous vous trouvez), et la forme d'un lieu,
rectiligne ou curviligne.
La neuroesthétique se sert, outre les examens par IRM,
de la recherche comportementale en conduisant
des entrevues détaillées pour tenter de dégager des
cohérences dans les réponses. Lorsque le Dr Chatterjee
et son équipe montrent aux gens des images
d'intérieurs, les réactions à ces lieux tendent à se situer
sous trois éléments de base :
1) À quel point ce lieu semble-t-il être cohérent ?
2) Possède-t-il un élément de fascination -
les gens ont-ils envie d'y entrer et de l'explorer ?
3) Crée-t-il un sentiment familier ou de chez soi ?
i+D - septembre-octobre 2018

« Nous sommes en mesure de prendre ce qui est
une réaction relativement complexe et de la réduire
à certaines composantes principales qui peuvent
s'appliquer à tout le monde dans ces types de lieux,
explique le Dr Chatterjee.
Nous avons découvert que ces composantes ont des
signatures neuronales différentes, de sorte que la
manière dont notre système visuel réagit à chacune
d'elles diffère légèrement, ajoute-t-il. Il existe aussi un
argument de l'évolution à plus long terme, voulant
que nos cerveaux aient évolué pour apprécier certaines
configurations de lignes, de couleur et de forme que
nous trouvons attrayantes. »
À mesure que la science de la neuroesthétique
continuera d'évoluer, ses conclusions fourniront
aux designers de nouvelles connaissances sur leurs
clients et une compréhension plus nuancée de ceux-ci
et de la manière dont ils font l'expérience d'un lieu.
Cette importante recherche est prometteuse quant
à l'enrichissement du processus de design - et du
résultat -, tant pour les projets résidentiels que pour
les projets commerciaux.

Anjan Chatterjee, M. D.,
Pennsylvania Hospital
et Penn Center for
Neuroaesthetics, Université
de Pennsylvania
i+D - Septembre/Octobre 2018

Table des matières de la publication i+D - Septembre/Octobre 2018
