i+D - Janvier/Fevrier 2019 - 46

Vie et
design
Communautés
créatives

Les auteurs du rapport de 2015 Creative New York de l'organisme, qui expose
en détail l'importance croissante de l'économie créative de la ville, se sont penchés
sur ces problèmes d'abordabilité et ont proposé diverses solutions. « Et il a déjà
porté ses fruits, explique Eli Dvorkin. Au crédit du maire [Bill] de Blasio, son
administration a pris certaines des mesures que nous avons recommandées,
notamment les nouvelles propositions de développer des endroits pour les artistes
et une augmentation du financement pour les petits organismes culturels. Mais
nous sommes loin de la stabilisation des communautés artistiques populaires qui
souffrent vraiment financièrement de la situation. »
Une idée que le CUF a mise sur la table consiste à prendre des bâtiments
appartenant à l'État ou sous son contrôle et à les utiliser de manière créative,
en citant « les hôpitaux psychiatriques vides que nous pourrions transformer et
réaffecter en lieux de travail ou de prestation abordables. Les écoles de la ville,
utilisées seulement les trois quarts de l'année et environ huit heures par jour,
pourraient également servir à soulager la crise du manque d'espace. Ces écoles
comptent des centaines de salles d'art, de musique, de théâtre, de studios de danse
et d'installations de production vidéo - tant de zones qui pourraient être mises
à la disposition des artistes, les jours ou les périodes où n'y a pas école. »

Artspace compte
parmi les groupes
qui créent des lieux
de vie et de travail
abordables pour
les créatifs qui
apportent l'art et
la culture à leurs
communautés.
(Photo : James Shanks)

Parmi les nombreux concepts proposés par l'organisme en matière d'abordabilité,
l'un consiste à réserver des logements pour les artistes et les créatifs, formant dans
la ville des noyaux composés d'un mélange diversifié de locataires et de lieux de
« vie et travail ». « Si nous ne contribuons pas à soutenir les artistes émergents, met
en garde Eli Dvorkin, ils vont partir. Soutenir les arts et la culture est essentiel à la
santé et la vitalité de l'économie de New York et à notre identité en tant que ville de
renommée mondiale. Pour les professionnels de la création comme les designers
d'intérieur et les architectes, un écosystème des arts dynamique et diversifié est
une source quotidienne d'inspiration. Tous se connaissent, se soutiennent les uns
les autres, échangent des idées, créent des possibilités. Le coût de la perte de
notre avance à titre de capitale créative du monde dépasse de loin l'investissement
financier requis pour assurer aux artistes des endroits abordables où vivre et travailler.
« La créativité a défini New York comme un phare pour le monde. Nous serions bien
sots de laisser s'éteindre la lumière de ce phare », ajoute Eli Dvorkin.

Le progrès commence
par des idées

Créer un
changement durable

« Il est difficile pour les gens de se souvenir, indique Eli
Dvorkin, directeur éditorial et des politiques pour le Center
for an Urban Future (CUF), un laboratoire d'idées sans but
lucratif sur les politiques publiques établi à Manhattan, qui
se décrit comme un catalyseur de politiques intelligentes et
durables visant à réduire les inégalités, augmenter la mobilité
économique et faire croître l'économie dans la ville de New
York. « Mais, au cours des 20 dernières années, nous avons
vu beaucoup de choses positives : une économie florissante,
une croissance record du nombre d'emplois et un grand
nombre d'industries technologiques et créatrices.

Établi en 1979 à titre de défenseur des besoins exceptionnels des artistes en
matière d'espace de travail, l'organisme Artspace, établi à Minneapolis, a fait le saut
et est devenu promoteur immobilier vers la fin des années 1980. Depuis, la portée
des activités de l'organisme sans but lucratif a augmenté de façon spectaculaire.
Il est aujourd'hui un chef de file national en matière de développement de locaux
abordables pour les entreprises créatrices, les artistes et les organismes culturels,
grâce à la réutilisation adaptée de bâtiments historiques et à la nouvelle construction
partout aux États-Unis.

« Toutefois, poursuit M. Dvorkin, New York commence à
devenir victime de sa propre prospérité de certaines façons. Et
la plus importante est la question de l'abordabilité. Il est évident
que les gens sentent la pression à la hausse, non seulement
du côté des coûts de logement, mais aussi quand vient le
temps trouver des lieux abordables où travailler, se produire et
créer. Il est plus difficile qu'avant de se lancer et de débuter
dans ces domaines. Et cela a eu un effet disproportionné sur
les petites entreprises et les New Yorkais vivant dans des
communautés à faibles revenus. »

Will Law, l'actuel directeur de l'exploitation chez Artspace, qui est avec le groupe
depuis près de 28 ans, a expliqué comment cela se fait, en commençant par un
peu d'histoire et de réflexion sur les débuts d'Artspace en développement de
logements locatifs. « Au départ, Artspace avait été invité par la ville de Saint Paul,
Minnesota, à réaménager deux bâtiments comme moyen d'encourager un plus grand
nombre d'artistes à s'installer dans le centre-ville, et cela a bien fonctionné. Prenant
rapidement conscience de l'impact de notre travail comme moteur économique, un
groupe de citoyens privés et de chefs de gouvernement a décidé de transformer
Artspace en organisme 501(c)(3) [organisation exempte d'impôt en vertu de cet
article du code sur le revenu intérieur des É.-U., ndt], et a modifié notre mission pour
nous permettre d'entreprendre des choses plus permanentes afin que les résidents
ne puissent plus être pris dans ce piège de la hausse des loyers et poussés vers
un mode de vie nomade. »
i+D - janvier-février 2019

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