i+D - Janvier/Fevrier 2019 - 47

Un problème mondial
Aujourd'hui, Artspace mène 50 projets partout dans le pays, de bureaux
à des salles de spectacles, en passant par des studios de répétition,
des bâtiments vie-travail, des logements locatifs, des maisons de ville
et des coopératives. « Notre objectif est l'abordabilité à long terme, dit
Will Law, et jusqu'à présent, nous avons été en mesure d'y parvenir. »
Comment est-ce arrivé sans que les différentes collectivités dans
lesquelles ils s'installent fassent d'opposition ou à peine ? Will Law
explique : « Notre cadre de travail consiste à satisfaire aux besoins
des collectivités qui nous ont invités. Nous n'avons pas à chercher nos
projets, ce sont eux qui nous trouvent. Les travailleurs de la ville ou une
fondation locale ou un groupe de défense des arts communiquent avec
nous en disant : "nous avons un bâtiment qui pourrait être revitalisé"
ou "nous avons un groupe qui a besoin de telle ou telle chose". Nous
sommes, par définition, à l'écoute et nous aidons ces différentes
personnes et organisations à atteindre leurs objectifs. C'est la clé de
notre succès. »
En outre, Artspace encourage la « communauté élargie » à s'engager
dans différentes choses, telles que des classes d'art et des expositions
en galerie, et à faire partie du projet. « Nous créons des lieux positifs
où élever des enfants, ainsi que pour répondre aux besoins créatifs »,
fait remarquer Will Law.
Parlant de l'organisme, qui se finance de diverses façons - crédits
d'impôt sur le logement abordable, crédits d'impôt sur la conservation
historique, particuliers, fondations et prêts bancaires classiques -
Will Law déclare : « Nous nous considérons comme un promoteur
communautaire, non seulement pour faire avancer les arts, mais
aussi les objectifs de la communauté, et nous le faisons en nous
immergeant nous-mêmes dans les communautés et en étant
respectueux de leurs désirs.
« Nous soutenons les arts, ajoute-t-il, parce que nous pensons que l'art
peut avoir une puissante influence sur la société. L'essentiel est que
nous sommes un agent de changement social et de justice. »

L'organisme Artscape, quant à lui, a été fondé en 1986 à Toronto dans des
conditions similaires, en réaction à une crise d'abordabilité qui menaçait de
chasser les créatifs hors de la ville. Aujourd'hui, Artscape fait partie des quelque
180 membres du Réseau des villes créatives, un groupe établi par l'Organisation
des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) en vue
de promouvoir la coopération avec et entre les villes ayant défini la créativité
comme un facteur stratégique pour un développement urbain durable.
Constitué d'un groupe d'organismes à but non lucratif ayant pour mission de
« faire place à la créativité et transformer les communautés », Artscape est
devenu un leader mondial dans ce qu'il appelle la « réappropriation créative
d'espace urbain » (placemaking). Les projets entrepris en vertu de cette
approche, définie comme la pratique de l'intégration de l'art, de la culture et
de la créativité dans le développement des collectivités, reflètent les intérêts
des divers intervenants, ce qui génère ainsi de la valeur pour tous.
Comme c'est le cas pour Artspace et le CUF, le groupe reconnaît le défi
croissant auquel font face les créatifs, qui aujourd'hui comprennent de
nombreuses personnes à revenu moyen, pour gagner leur vie grâce à leur
travail. Afin de composer avec cette réalité, l'organisme concentrera ses efforts
au cours des cinq prochaines années à faire passer la réappropriation d'espace
urbain de la marge au courant dominant en matière d'urbanisme.
Ainsi, mettant davantage l'accent sur les grappes culturelles à l'extérieur du
cœur de Toronto et sur le logement abordable pour les familles de créateurs,
Artscape s'efforce de bâtir un monde qui encourage les artistes, la culture
et la créativité en tant que catalyseurs de la vitalité communautaire, la durabilité,
la prospérité et l'inclusion.
Les défis qui attendent la capacité des industries créatives non seulement
à trouver, mais aussi à garder, des locaux abordables où vivre et travailler
continueront de fluctuer. Cependant, l'attention constructive de groupes
dévoués comme ceux-ci, qui travaillent de concert avec les communautés
locales et les gouvernements, ainsi qu'avec les professionnels du design, à
apporter des changements positifs et durables se précise de plus en plus
et continue d'aller de l'avant. Il y a place à influer sur l'avenir des communautés
de créateurs, grandes et petites. Comme le mentionne Will Law, d'Artspace :
« Nous avons une occasion de faire une différence. »

El Barrio's Artspace PS109
a ouvert en septembre
2015, offrant 89 unités
de logements vie-travail
abordables pour les artistes
et leurs familles. L'école
naguère abandonnée d'East
Harlem offre aussi désormais
3 000 pieds carrés d'espace
d'exposition et de galerie
pour les résidents, ainsi
que 10 000 pieds carrés
d'espace non résidentiel
commercial partagé par trois
organismes artistiques et
culturels locaux.
(Photo : James Shanks)

« Si nous ne contribuons pas à
soutenir les artistes émergents, ils
vont partir... La créativité a défini
New York comme un phare
pour le monde. Nous serions bien
sots de laisser s'éteindre
la lumière de ce phare. »
-ELI DVORKIN, CUF

MICHELE KEITH
est une auteure new-yorkaise dont le travail a paru
dans The New York Times, ASPIRE Design and
Home, Luxury Listings NYC, et DESIGN, entre
autres magazines. Elle a également écrit deux livres
cadeaux pour The Monacelli Press : Designers Here
and There et Designers Abroad.

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