i+D - Mars/Avril 2019 - 22

Les affaires
du design
Conception
sous licence

Tilebar donne vie à la
vision Stacy Garcia avec
les carreaux Pintuck, un
petit module triangulaire
texturé qui ajoute de
la profondeur et de la
dimension à une pièce.
(Photo : Stacy Garcia)

QU'EST-CE QUI
FAIT UN NOM ?
PAR JESSICA GOLDBOGEN HARLAN

Ce que les designers doivent savoir avant de concéder leur
marque sous licence
LES DESIGNERS D'INTÉRIEUR NE VIENNENT PAS NÉCESSAIREMENT
VERS CE DOMAINE DANS L'ESPOIR DE VOIR LEUR NOM DEVENIR
UNE MARQUE D'ARTICLES POUR LA MAISON. MAIS, BIEN QU'IL
EXISTE DIVERS MOYENS POUR PARTAGER LEUR ESTHÉTIQUE AVEC
UN VASTE PUBLIC, LA FABRICATION SOUS LICENCE EST UN MOYEN
PRIVILÉGIÉ PARMI TOUS. AVEC UN POINT DE VUE ORIGINAL, UN
BON FABRICANT PARTENAIRE ET UN PLAN SOIGNEUSEMENT
GÉRÉ, LES CONCEPTEURS PEUVENT VRAIMENT ÉLARGIR LEUR
PORTÉE ET LEUR RENOMMÉE, ET VOIR LEURS IDÉES EN MATIÈRE
D'ACCESSOIRES DE MAISON PORTER DES FRUITS.

Cependant, la fabrication sous licence n'est pas une entreprise qu'il faut
prendre à la légère, mettent en garde les experts de l'industrie et les designers
qui se sont jetés à l'eau. Et la première chose qu'il faut savoir, dit Kate Verner,
fondatrice de Kate Verner + Associates, est la suivante : « Concéder des
produits sous licence n'est pas un stratagème pour devenir riche. C'est un
exercice qui consiste à bâtir sa marque. »
Kate Verner n'est pas agente, mais plutôt stratège créative pour ses clients,
principalement des designers et des fabricants. Ancienne designer de produits
ayant contribué à l'ouverture de l'emblématique magasin de mobilier de maison
Moss, elle a également collaboré avec le designer Clodagh au développement
de produits sur mesure et de collections sous licence alors que le concept
en était encore à ses balbutiements. Elle appuie désormais les concepteurs dans
leurs stratégies commerciales et leur développement de produits en les aidant
à cibler et gérer les occasions commerciales en ce qui a trait à leur propriété
intellectuelle. « Dans le monde d'aujourd'hui, en particulier dans le haut
de gamme, vous ne pouvez pas conclure une entente à moins que vous n'ayez
d'abord quelque chose à montrer, explique-t-elle. Et il est vraiment important
que vos idées soient uniques à vous, et que vous en possédiez les droits. »
Après tout, l'avantage pour un manufacturier de fabriquer sous licence les
produits d'un designer est d'obtenir une perspective ou une voix différente
de celles de la propre équipe interne de concepteurs de son entreprise.
Un concepteur ne doit pas nécessairement être reconnu à l'échelle nationale pour
décrocher une entente de fabrication sous licence. Le plus important pour
une ou un designer est d'être en possession de sa propriété intellectuelle originale,
qu'il s'agisse d'un carnet plein de croquis de produits ou d'un luminaire sur
mesure ayant été conçu pour un projet.

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Plus précisément, Keith Granet affirme, « Je ne recommande pas les licences
aux designers s'ils n'ont pas la capacité de plaire à un grand public. » Et
si vous ne pouvez pas générer suffisamment d'idées pour créer une collection
entière à partir de votre licence, « vos chances de réussite sont très minces ».
Granet & Associates, l'entreprise de Keith Granet, se spécialise dans la
consultation en gestion pour les designers, et sert aussi d'agent et de directeur
de projet, du concept aux ventes, pour les designers qui souhaitent pénétrer
le monde de la fabrication sous licence. La première négociation de cette
entreprise a été l'orchestration de la collection Barbara Barry pour Baker, une
licence réputée avoir été la gamme de produits la plus profitable de l'histoire
de cette entreprise de mobilier.
Bien sûr, cela ne fait pas de tort d'avoir un nom que l'on reconnait facilement.
La designer d'intérieur canadienne Sarah Richardson était déjà suffisamment
connue grâce à ses émissions de télévision pour que les fabricants qui désiraient
utiliser son nom sous licence pour des collections de produits l'approchent
régulièrement. Mais elle hésitait toujours lorsque l'occasion ne lui semblait
pas idéale.
La première collection à laquelle elle a finalement accepté de donner son
nom était une combinaison parfaite : une gamme de tissus avec Kravet. Cette
maison de tissus connaissait déjà le travail de la designer, car elle était une
cliente régulière pour ses propres clients. La collaboration a donc semblé toute
naturelle. « Les textiles occupent une grande part de mon travail, affirme
Sarah Richardson. C'est la collection que j'aurais faite, même si je n'avais pas
été payée ! » Aujourd'hui, elle possède cinq programmes sous licence,
y compris deux collections de papiers, une collection de textiles, une collection
de revêtements muraux. Sans parler d'une gamme de mobilier qui sera lancée
sous peu et qui comprend des meubles rembourrés, des meubles de rangement,
des tapis et des jetés.

i+D - mars-avril 2019
i+D - Mars/Avril 2019

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