i + D French - May/June 2020 - 32

Concevoir l'avenir - par Brian Libby

Elle aussi maître feng shui, Mme Horii croit que cette pratique ancestrale
et la biophilie peuvent contribuer ensemble à rendre les lieux de travail plus
fonctionnels. « Il deviendra essentiel de créer ces lieux en pensant non
seulement à la distanciation physique, mais en se rappelant que c'est aussi
une question de bien-être de l'esprit, dit-elle. Ce sont des outils qui nous
permettent de nous assurer d'offrir un milieu de travail sain. »
Surtout, ajoute Mme Horii, le sondage d'IA Interior Architects a mis en lumière
le fait que les gens souhaitent la souplesse, avoir des choix et un certain degré
de contrôle relativement à leur lieu de travail : le droit de prendre leurs propres
décisions quant au nombre de fois où ils se rendent au bureau et aux types
d'aménagements où ils peuvent se réunir et travailler lorsqu'ils y sont.

Populations en transition
et jardins suspendus
Le fait que les villes sont en perpétuelle transformation et que les populations
y changent régulièrement est ce à quoi réfléchit chaque jour Scott Duncan,
urbaniste et partenaire de Skidmore, Owings & Merrill (SOM). Des projets de
tours commerciales et d'aéroports ainsi que des commissions de planification
régionales ayant lieu partout autour du globe, Scott Duncan a vu le monde se
confiner, mais il observe aussi sa réouverture. Pourtant, il se demande si la
COVID-19 pourrait inverser des modèles de longue date.
« Une grande partie de notre travail des deux dernières décennies a porté sur
le retour à la ville et la reconstruction des quartiers », dit-il, citant en exemple
Lincoln Yards, un ancien quartier industriel de Chicago que l'on est en train de
convertir en logements et en bureaux. « Cette histoire se déroule, encore et
encore : un secteur riverain qui se transforme en quartier à usage mixte. Et
maintenant ? Il existe une claire corrélation entre densité et infection virale, si
vous examinez les données. Je crois que cela va chasser bien des gens hors
de la ville. Cela a beau ne pas se trouver au sommet de la chaîne économique,
il n'empêche que les gens devront prendre des décisions difficiles, si le
ralentissement de l'économie se prolonge, ce à quoi s'attend la majorité des
gens, d'après moi. »

La société SOM travaille au
réaménagement de Lincoln
Yards, ancien quartier
industriel de Chicago, qui
comprendra des habitations,
des bureaux, des espaces
publics et plus.
(Image : avec la permission de SOM)

Toutefois, l'urbaniste exprime un certain degré d'optimisme
quant à l'idée qu'un monde d'après-pandémie puisse donner un
élan à la modernisation des banlieues et des petites villes. « Je
crois que cela dépend beaucoup de la manière dont on fera les
choses, dit-il. Je siège au Council for Tall Buildings and Urban
Habitat (conseil sur les grands bâtiments et les habitats urbains).
Nous avons examiné la consommation d'énergie dans des
aménagements de densité élevée par rapport à ceux de faible
densité. Un scénario de faible hauteur et de faible densité n'est
pas systématiquement mauvais pour l'environnement. D'une
certaine façon, le problème de concevoir en fonction d'une
population potentiellement plus dispersée est une chose qui
pique ma curiosité. Je pense que cela sera positif pour beaucoup
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