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L'art et la manière de survivre à 2020 - par Jessica Goldbogen Harlan

Créer de nouveaux liens
Il est essentiel pour les designers et les consommateurs de
pouvoir investir dans le travail des artistes et de les soutenir.
« À cette époque, cela définit qui nous sommes et ce qu'il est
possible de faire de nos propres mains », explique Mme Carey.
À ce titre, la Fédération canadienne des métiers d'art (FCMA)
avait prévu de tenir, au cours de 2020, une série d'événements
échelonnés sur toute l'année pour appuyer les communautés
canadiennes d'artisans. La mission de cette fédération, un
organisme national de services liés aux arts qui travaille avec
les conseils de métiers d'art territoriaux et provinciaux et qui
compte des musées, des galeries, des coopératives et d'autres
institutions parmi ses membres affiliés, est de tisser des liens
et de promouvoir les métiers d'art. Son Année des métiers d'art
2020 était destinée à attirer l'attention, au moyen d'événements
et d'activités comme des lancements de livres, des expositions,
des ateliers, et plus encore, sur la présence des métiers
d'art, sous toutes leurs formes, dans les collectivités. Durant
la première édition de l'Année des métiers d'art, en 2007,
712 événements ont eu lieu. En 2015, la deuxième édition a
atteint 884 événements.

Cette année aura au moins eu l'heur de mettre en lumière
l'importance de créer des liens. « En Amérique du Nord, nous
réagissons tous à tant de facteurs, ajoute-t-elle. C'est la période la
plus tendue de notre histoire. » Les changements climatiques ont
causé des inondations et ont particulièrement touché les cultures
du Nord, comme les communautés inuites, en perturbant leurs
saisons et en influant sur le rapport qu'entretiennent les gens
avec leurs terres.
« La pandémie a frappé tout le monde encore plus durement que
nous n'ayons pu l'imaginer, explique Mme Black. La fermeture
des magasins, l'accès limité aux studios et à l'éducation, les
restrictions relatives aux marchés de Noël... Tout cela engendre
beaucoup de peur autour de l'allure que prendra la période des
Fêtes et de l'incidence que cela aura sur les métiers d'art. »
Cet automne, la FCMA a lancé son mouvement Faites le plein
d'art d'ici en ligne. Bien avant la pandémie, la Fédération travaillait
déjà à une initiative numérique et, en fait, son congrès national
qui a eu lieu en mars - quelques jours seulement avant la
fermeture des frontières et l'annulation des vols - était axé sur
la technologie numérique. « Essentiellement, nous voulions nous
assurer que les produits des artisans en cours de fabrication
soient plus accessibles au grand public, ajoute Maegan Black. Les
œuvres sont toujours en cours de fabrication et les artistes sont
toujours là, mais il suffit de franchir un autre type de porte. »

Maegen Black, directrice de la FCMA, affirme que la pandémie
a tout fait partir en vrille. Puisque la plupart des événements
en personne ont été annulés, les planificateurs se sont plutôt
concentrés sur l'impact de l'artisanat dans la vie de tous, même
en temps de pandémie. « Les gens se sont mis à l'artisanat
comme exercice de santé mentale : ils sont coincés à la maison
et ont besoin de quelque chose à faire, mentionne-t-elle. Bien que
nous mettions l'accent sur les métiers d'art professionnels, nous
voyons également les bienfaits de ces activités dans la vie de
tous. Cela peut apporter beaucoup de réconfort aux gens. »
Et certains artistes ont saisi l'occasion : Mme Black mentionne
une artiste de la courtepointe qui a commercialisé une trousse
de fabrication que les gens se procuraient avant de participer à
une séance d'apprentissage en ligne en sa compagnie - une
sorte de « corvée » virtuelle de courtepointe. D'autres artisans se
sont servis de Twitch, la plate-forme de diffusion vidéo en direct,
pour que leurs clients puissent avoir accès à leur atelier et à leurs
processus. « Il y aura toujours place à un dialogue en vis-à-vis
avec l'art, mais nous utilisons désormais de nouvelles façons de
le faire », déclare Maegan Black.

« La pandémie a frappé tout le monde encore
plus durement que nous n'ayons pu l'imaginer. La
fermeture des magasins, l'accès limité aux studios et
à l'éducation, les restrictions relatives aux marchés
de Noël... Tout cela engendre beaucoup de peur
autour de l'allure que prendra la période des Fêtes et
de l'incidence que cela aura sur les métiers d'art. »

Brandon Vukelik est
un artiste verrier de
la Saskatchewan qui
se spécialise dans les
pièces sculpturales et
les récipients creux.
(Photo : Fédération
canadienne des
métiers d'art)

- MAEGEN BLACK, FÉDÉRATION CANADIENNE DES MÉTIERS D'ART

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