SAUVETAGE - N°170 - T4 2024 - Le magazine des sauveteurs en mer - 39

L'INVITÉ
Après un demi-siècle de navigation,
vous rééditez le Guide pratique pour
mettre les voiles avec Antoine. Quel
est le but de cet ouvrage ?
Ce sont 50 ans de progrès absolument
extraordinaires dont je veux faire profiter
le lecteur navigateur. Des conseils pour
vivre en autonomie quand on est loin
de tout, de la mécanique à la médecine,
en passant par le repos et les repas. Par
exemple, il y a des liens à scanner pour
accéder à des documents gratuits, comme
des tables réalisées par la marine américaine
afin de faire le point.
Lors de mon premier tour du monde,
au début des années 1970, je n'avais qu'un
sextant et un mini-gonio [ndlr : dispositif
permettant de repérer des balises émettrices
d'ondes électromagnétiques], qui était très
sommaire.
Mon deuxième bateau était équipé
du Sat Nav, qui me donnait ma position
toutes les deux heures... quand cela fonctionnait.
Mon troisième bateau, à partir
de 1990, avait un GPS, au début assez
sommaire, à 1 nautique près.
Depuis, les progrès ont été formidables,
Antoine a récemment vendu son
voilier Banana Split, sur lequel il
naviguait depuis 1989.
paquebots. Par contre, je n'avais jamais
navigué à la voile. Un été, avec une bande
de copains, nous avions loué une villa pour
les vacances et il y avait un vieux voilier
qui prenait l'eau. Je l'ai essayé et, là, ça
a été le coup de foudre. Avec les potes,
nous nous sommes dit : « Dans cinq ans,
on part faire le tour du monde. » Et puis ils
ont eu leur vie et, ce tour du monde, je
l'ai fait, mais seul.
SNSM.ORG
à tel point que j'ai ramené récemment
mon bateau dans le jardin d'un ami, le
long d'un petit fleuve sur la côte australienne.
Je n'avais aucune carte, mais
des photos satellites. J'ai évité les bancs
de sable grâce aux photos et au GPS, et
ainsi de suite... Un autre versant de cette
évolution : je ne disposais d'aucune radio
sur mon premier bateau, j'avais une VHF
sur le deuxième et, désormais, j'ai un
téléphone satellite.
Vous vous dites toujours « intranquille ».
Êtes-vous aussi inquiet en mer ?
La peur est normale en mer, mais elle ne
doit pas paralyser. Au contraire, elle doit
nous donner de la force et de l'énergie
pour progresser. Elle permet d'être prudent
et modeste face à la mer, qui aura
toujours le dernier mot. Je n'ai jamais
hésité à descendre la voile quand le grain
était trop fort ; j'ai le temps, je ne fais
pas une course.
Antoine a récemment réédité son Guide
pratique pour mettre les voiles avec Antoine.
(Gallimard, 336 p., 29,90€)
Vous êtes-vous fait peur récemment ?
Oui, en février dernier. J'étais en Australie
et je me suis retrouvé avec une barre
délicate, sur une entrée de baie, par
temps très mauvais. J'ai appelé les sauveteurs
en mer locaux et ils m'ont envoyé
les points GPS pour me permettre de
rentrer au mouillage. L'année dernière,
toujours en Australie, j'ai eu une panne
de l'un de mes deux moteurs, par fort
vent de travers, et un seul moteur ne
me donnait pas la possibilité de naviguer
sereinement. J'ai appelé les sauveteurs,
des bénévoles comme à la SNSM. Ils sont
venus m'aider et cela s'est terminé par
un petit don pour les remercier de leur
solidarité, entre gens de mer.
Vous connaissez bien la SNSM. Quels
mots vous viennent à l'esprit lorsque
l'on parle des Sauveteurs en Mer ?
Bien sûr, comment un marin, un navigateur,
ne pourrait-il pas connaître
les anges gardiens de la SNSM ? J'ai,
à chaque fois que j'ai pu, participé à
des actions de communication, sur des
stands, aux côtés des Sauveteurs en Mer.
D'ailleurs, je suis le parrain de la vedette
SNS 212 Amiral Chevalier de la station de
l'Estérel. X
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https://www.gallimard.fr/catalogue/guide-pratique-pour-mettre-les-voiles-avec-antoine/9782742466535 http://www.SNSM.ORG
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